DON GROLNICK - HOMMAGE (Mai 1998)
DATE DE NAISSANCE: 23 septembre 1947 (à Levittown, LI, USA).
DATE DE DECES: 01 juin 1996 (à New York, USA)
DATE DE DECES: 01 juin 1996 (à New York, USA)
TITRE ORIGINAL: Don Grolnick Time/Line
AUTEUR: Andy LaVerne
TRAD et MISE EN PAGE: Samuel Légitimus
SOURCE: Keyboard Magazine
DATE: Mai 1998
AUTEUR: Andy LaVerne
TRAD et MISE EN PAGE: Samuel Légitimus
SOURCE: Keyboard Magazine
DATE: Mai 1998
James Taylor hésite — vous savez bien, Sweet Baby James, JT, Fire and Rain — tandis qu’il se rappelle la foule lors du mémorial à son ami intime, collaborateur et pianiste de prédilection, le regretté Don Grolnick. "Des centaines de personnes étaient là. Elles étaient complètement abasourdies par la perspective peu imaginable d’une vie sans Don sur cette terre." finit-il par lâcher, peu préparé lui-même à accepter le fait. "Il n’avait pas des amis de passages ou des relations. Les gens qui le connaissaient l’aimaient férocement. Son départ représente simplement une perte terrible."
Ces sentiments sont répercutés à travers l’ensemble de l’industrie musicale. La contribution de Don Grolnick au monde de la musique était substantielle, même si son nom n’était pas de ceux qui les aficionados de jazz connaissent en général. Voici une biographie d’un Grolnick pour ainsi dire à multi-facettes, racontée par ses amis musicaux et associés les plus proches. Ceci constitue en fait une chronologie, mais également un portrait musical se concentrant sur des atouts extraordinaires de Don: son temps et ses lignes.
Cela va faire bientôt deux ans que le monde à perdu Don - qui était âgé de 48 ans - des suites de complications d’un lymphatisme. Musicien d’une profonde influence et dont la racine musicale plonge profond dans le jazz, mais dont l’ouverture d’esprit et la flexibilité lui a permis d’embrasser la pop, la soul, R&B, et la musique latine, Grolnick améliora le travail de quelques uns des plus grands talents mondiaux grâce à ses extraordinaires talents de pianiste, de compositeur, d’arrangeur et de producteur : James Taylor, Linda Ronstadt, Bette Midler, Carly Simon, Aaron Neville, Roberta Flack, George Benson, Bonnie Raitt, Paul Simon, the Brecker Brothers, Steely Dan, Phoebe Snow, John Scofield, Bob Berg, Luther Vandross, Yoko Ono, Peter Erskine, James Brown, Steve Kahn—tous connurent et aimèrent Don et sa musique.
Don grandit à Levittown, NY, et à la fin des années 50, il tomba amoureux du jazz swinguant et fringuant de Count Basie. Durant de son adolescence Don écouta avec intensité le blues, le R&B, le bebop et le post bop. Et bien que son premier instrument fut l’accordéon, il le troqua bientôt pour le piano.
Don s’inscrivit en tant qu’étudiant en philosophie à la Tufts University. Mais la musique devint une véritable obsession, et il ne termina jamais ses études. Un moment-clé dans sa décision de se consacrer à une carrière musicale survint lors du Notre Dame Jazz Festival de 1967 au cours duquel Don remporta le concours de piano, et - présageant peut-être leur futures collaborations - Michael Brecker celui de saxophone.
Don déménagea à New York en 1970 et devint actif dans un groupe baptisé Free Life Communication, une association de musiciens créatifs. C’est à travers Free Life qu’il renoua avec Michael Brecker et auditionna bientôt pour Dreams, un groupe précurseur de jazz fusion.
Don en compagnie de Steve Khan et Steve Gadd
Le Guitariste Steve Khan, membre de Dreams - en compagnie de Michael et Randy Brecker et du bassiste Will Lee - se souvient que : "Chacun pouvait se rendre compte du musicien fantastique et généreux que Don était. De combien son tempo était bon. De combien il était un accompagnateur vraiment magnifique. Sans parler de sa qualité très musicale de soliste."
Don Grolnick, Steve Khan, Steve Gadd, Will Lee, and Michael Brecker
Dreams se transforma finalement en Brecker Brothers Band, groupe qui acquit un statut légendaire parmi les jeunes musiciens de jazz. "Nous allions tous ensemble chez Don sur Carmine Street et nous jouions" se souvient Khan. " La manière dont il jouait et composait en faisait la pièce maîtresse du groupe."
"Il arrivait également avec des idées géniales autant du point de vue production que de celui des arrangements des morceaux" commente Randy Brecker. " Mais Don ne s’est jamais trop impliqué dans la technologie. Ce qu’il aimait avant tout c’est jouer du piano acoustique et des Fender Rhodes. Souvent, il commandait tout un tas de trucs. Et il finissait par les vendre avant de les avoir déballé. De nombreux pianos électriques, des séquenceurs, des trucs comme ça. C’est devenu une plaisanterie courante entre nous."
En 1973, il entama ce qui allait devenir une de ses associations musicales les plus longues et les plus importantes. "Don et moi nous sommes connus à travers David Spinozza" se souvient James Taylor. "David a demandé à Don de venir jouer sur mon album. Ce fut une connexion musicale et personnelle. Je fus aussitôt impressionné par son jeu. Et j’aimais également traîner avec lui."
Don jouait alors avec les Brecker Brothers. Et entre les concerts, les enregistrements et les réunions amicales, son humour légendaire brillait de tout son éclat. "Ce qui m’a toujours frappé et beaucoup fait rire” se rappelle Steve Khan, "c’est combien Don pouvait se montrer troublé - d’une façon bon enfant toutefois - par les façons différentes qu’avaient les gens de massacrer son nom. David Spinozza avait l’habitude de l’appeler Don Gorilla-neck. Chris Parker, quant à lui, l’appelait Don Grown-up. Ralph McDonald n’arrivait pas à prononcer son nom correctement, alors il l’appelait Gronig. Il y avait une française, qui est venu le voir dans la 7ème Avenue South [un club New Yorkais appartenant aux Brecker Brothers], elle lui a serré la main et a dit: « Je suis enchantée de rencontrer le très célèbre Dominique Groleen. » Mais notre anecdote favorite est survenue lors du Yoko Ono Tour. Nous étions en tournée au Japon. Nous nous trouvions à la réception d’un hôtel. Nous avons inspecté la liste des chambres. C’est alors que nous avons vu ce nom unique. Je jure devant Dieu qui c’est la vérité : il était écris: Grp;mocl. Nous avons bien regardé ce nom et nous avons tous conclu: « Ce doit être toi, Don !' Il a balancé ses mains en l’air et nous a répondu : 'C’est bon, j’en ai plein le dos!' Des années plus tard, Mike Brecker nous a confié que la réponse lui est venu sous la douche un beau matin. Il a réalisé qu’en allant à la machine à écrire, quelle que soir la personne qui avait tapé le nom, celle-ci avait la main droite décalée d’une touche sur la droite. Mike est vraiment un génie pour élucider ce genre de choses.”
James Taylor se rappelle de la philosophie de Grolnick: "Lorsqu’on parlait des gens qui menaient une existence au bord du précipice. Don disait: 'Tu sais, moi je ne vis pas vraiment au bord. Il y a le bord. Et il y a les maisons qui se trouvent juste au bord. Et puis, il y a la rue qui dessert ces maisons. Et puis de l’autre côté de la rue, il y a une autre rangée de maisons. C’est là que je vis.' "
l'album "Flag"de James Taylor- 1979. Les musiciens: Kootch, Grolnick, Russ Kunkel & Lee Sklar
MILLWORKER - James Taylor Live at the Blossom Center 1979
https://www.youtube.com/watch?v=fXao04yBJ9I
https://www.youtube.com/watch?v=fXao04yBJ9I
Le prochain jalon musical, pour Don fut, la formation en 1979 de Steps Ahead, qui, selon Michael Brecker "débuta en tant que groupe accompagnant un concert de Mike Mainieri au 7th Avenue South. Don a énormément contribué au groupe en amenant tout un tas de compositions personnelle. C’était un groupe de jazz acoustique. C’était un vrai soulagement pour nous de pouvoir jouer de manière acoustique."
Don resta trois années avec Steps. A la suite de quoi, il retrouva James Taylor. "Nous nous sommes retrouvés en 1981" déclare Taylor."Et depuis lors, nous ne nous sommes, pour ainsi dire plus quitté. Pendant les douze dernières années, nous avons travaillé ensemble pratiquement non-stop. Il a produit quatre de mes albums. Je dirais que Don était mon collaborateur musical. Nous avons arrangé et composé quelques cinquante chansons ensemble. Et il était en quelque sorte le directeur musical du groupe avec lequel je travaillais. La plupart des morceaux que Don et moi avons écrit ensemble, il me fallait les retranscrire à la guitare. Je les lui jouais. Puis, nous les transcrivions sur papier. Nous en faisions une version piano et guitare.Et à partir de là, nous les apportions aux membres du groupe et nous travaillions alors tous ensemble les arrangements."
duo Taylor Grolnick sur "Sweet Baby James" (Jay Leno Show)
http://www.olsonguitars.com/videos/jtsbj.wmv
Michael Brecker a également composé avec Don. "J’adorais collaborer avec lui." dit-il. "Il prenait les morceaux que je n’arrivais pas à finir et il revenait avec des idées auxquels je n’aurais jamais rêvé. J’adorais observer le processus. J’étais abasourtdi. J’avais par exemple une section A avec une fin. Mais il me manquait une bonne section B, une section de transition ou un refrain entraînant. Le morceau avait besoin de quelque chose que je n’arrivais pas à trouver. Il s’asseyait au piano pendant 5 ou 10 minutes afin de visualiser en quelque sorte le morceau. Et moi, je me contentais de rester là à le regarder faire. Ses doigts se trouvait sur les touches mais il ne jouait pas. Il se contentait d’écouter. Puis il se mettait à jouer. Et c’était toujours quelque idée géniale. Il y avait un instant passionnant de tension qui durait quelques minutes. J’adorais ça. J’avais toujours hâte de voir ce qui allait en sortir."
Pour James Taylor, Don était "une personne merveilleuse avec qui travailler. Il prêtait une énorme attention à ce que j’essayais de faire. Il était très protecteur quant aux compositions. Il ne voulait pas les voir s’élancer dans quelque direction contraires à ce que j’avais en tête. J’ai toujours pensé que le travail de Don avec moi était quelque chose qui l’intéressait. Mais, d’une certaine mesure, c’était un sacrifice pour lui de travailler sur la musique d’un autre. J’étais toujours conscient de cela. Toutefois, la position n’était trop inconfortable. Il y avait dans notre collaboration un élément de « concert de journée ». Je le considérais toujours comme un égal. J’étais très reconnaissant pour cet apport d’attention que j’exigeais depuis si longtemps. Ce fut, dans mon cas, un coup de chance incroyable. Je le considérais comme mon ami le plus proche. Il serait impossible de séparer la musique de la relation.
"Mais c’était également un homme sérieux" poursuit Taylor."C’était un miracle d’auto-examination. Il a lutté afin d’améliorer sa vie de la manière la plus sincère qui soit et pour les raisons les plus sérieuses. Je le considérais comme la personne spirituellement la plus élevée que j’ai jamais connue. Je le voyais également comme un homme solitaire, isolé et détaché de la plus impossible des manières, et qui a pourtant réussi dans sa vie à en arriver au point de tomber réellement amoureux d’un autre être humain: Jeanne O'Connor."
La chanteuse et journaliste Jeanne O'Connor Grolnick (voir son site http://jeanneoconnor.net/ ) parle d’une façon éloquente de son regretté mari, qui avait 41 ans lorsqu’ils se sont rencontrés. "Il pensait toujours à la musique." Dit-elle. "Il éprouvait un grand besoin de solitude et de calme. Il était à la recherche de périodes ininterrompues de temps durant lesquelles il pourrait pénétrer dans une pièce, refermer la porte et écouter ce qu’il avait à l’intérieur de la tête. Ou juste laisser germer un peu les idées. Je sais qu’il avait toujours des fragments de morceaux qui lui tournaient dans la tête. Et parfois ces fragments se présentaient après un an ou quelque chose comme ça. Et finalement il les rassemblait. C’était un grand lecteur. Il lisait de tout. Il s’intéressait énormément à la philosophie Zen, à la philosophie tout court, à la littérature. De même qu’à l’art visuel."
Ce mélange de sensibilités musicales et intellectuelles firent de Don un producteur efficace et recherché. "Il avait une attention pour le détail et l’oeil pour l’image d’ensemble. Ce qui est un don rare" confie Michael Brecker, pour lequel Don a produit 3 albums.
1986 - premier album solo de Michael Brecker produit par son pote Grolnick
"Il avait une façon d’arrondir les angles très aigus. Et il m’arrivait d’hérisser certains de ses angles arrondis. Je m’appuyais totalement sur lui et sur son oreille. Je désirais avoir son talent au tant que producteur dans la cabine de contrôle. Et je désirais ses opinions, son oreille, ses compositions. Don adorait produire. Il se plongeait dans la tâche. C’était un vrai solutionnneur de problèmes. Il devint un vrai adepte du studio. En particulier lorsqu’il produisit James Taylor." Peter Erskine le confirme en déclarant: "D’une façon ou d’une autre, sa sagesse, son expérience, son sens de la justesse musicale et son calme arrivait à toucher une pièce entière remplie de musiciens. Qu’il soit en train de jouer, de produire ou simplement d’être dans les parages. Je disais souvent que Don valait son poids en or dans le studio. Son jugement en toutes choses était, si j'ose dire, équivalent à celui de Salomon."
A SUIVRE....
--------------------------------------
CC nous offre un extrait du sublime concert de 47 MINUTES à télécharger avec les deux amis (réuni à présent pour l'éternité) Don Grolnick et Michael Breker:
Musique dirigée par Don Grolnick
select from Live Saxophone Workshop
"LIVE UNDER THE SKY" au Yomiuri-Land Theatre East, Tokyo, Japon, 30 & 31 juillet 1988
The Four Sleepers (mpg movie 46 mb)
http://www.septembergrass.net/media/Don_Grolnick_japan_1989.mpg
Don Grolnick: Piano, Directeur musical
Michael Brecker: Tenor Sax
Stanley Turrentine: Tenor Sax
Bill Evans: Tenor Sax, Soprano Sax
Ernie Watts: Tenor Sax, Alto Sax
Yoshio Suzuki: Bass
Adam Nussbaum: Drums
Musique dirigée par Don Grolnick
select from Live Saxophone Workshop
"LIVE UNDER THE SKY" au Yomiuri-Land Theatre East, Tokyo, Japon, 30 & 31 juillet 1988
The Four Sleepers (mpg movie 46 mb)
http://www.septembergrass.net/media/Don_Grolnick_japan_1989.mpg
Don Grolnick: Piano, Directeur musical
Michael Brecker: Tenor Sax
Stanley Turrentine: Tenor Sax
Bill Evans: Tenor Sax, Soprano Sax
Ernie Watts: Tenor Sax, Alto Sax
Yoshio Suzuki: Bass
Adam Nussbaum: Drums
Dernière édition par le Ven 06 Juil 2007, 10:10 am, édité 24 fois