La vie reste douce pour James Taylor.
Joel Selvin, 11/02/2007
A 58 ans James Taylor se retrouve avec une seconde famille. Deja père de deux enfants avec sa première épouse, la chanteuse Carly Simon, Taylor et sa troisième femme Kim Smevig, la représentante de l’Orchestre symphonique de Boston, ont des jumeaux de cinq ans.
« C’est toujours la chose la plus contraignante et elle attire votre attention au centre de la culture, meme si vous pensiez choisir votre propre chemin» dit-il, « Vous êtes surpris vous débattant et hurlant au milieu du minivan. Ca vous rattache vraiment à la vraie vie et rien d’autre n’a le même effet ».
Taylor parle au téléphone depuis sa maison de Berkshire, à l’ouest de Massachusetts. Lui et sa femme étaient sur le point de quitter leur maison pour leurs premières vacances « à deux », quelques jours avant de se «faufiler » vers les Caymans. C’est un répit après sa tournée solo, qui vient à San Francisco cette semaine pour quatre spectacles à guichets fermés au théatre de l’Orpheum. Il a dû reprogrammer l’interview à la dernière minute afin d'aller chercher un de ses garçons qui était malade, de l’école.
« Chaque jour, vous pensez, ‘Bon dieu, à quoi pensais-je?’ » dit-il. « Vous contemplez cela comme quelque chose d’abstrait, avec du recul, ça ne peut être qu’une chose. Mais, jour après jour, ça fait votre journée et c’est une sorte de plaisir intarissable ».
Taylor qui a guidé le « Boom » des chanteurs/compositeurs des débuts des 70s ( Et a atterri en couverture du Time magazine), a l’habitude de conduire un large groupe de musiciens avec lui . Mais cette année il a abandonné le Big Band comme il l’a fait pour sa tournée de 30 villes de l’an passé. Il n’a ramené que Larry Goldings pour son One man Band Tour.
« J’ai commencé de la sorte, » dit-il, « D'une façon minimale, gardant les choses très simples, gardant un profil bas et une lumière mouvante. J’ai joué d’abord tout seul, puis, j’ai ajouté un bassiste et puis un certain temps un claviériste. Tout doucement, comme le public appréciait cela et que les personnes présentes se multipliaient, j’ai constitué une groupe autour de la base que j’ai cité. Au maximum, ils sont 13 sur scène. Nous avont de bons saxophonistes, quatre chanteurs et tout une section de rythmique. C’est génial. C’est super de jouer avec ce groupe si dynamique, juste sauter sur scène et klaxonner.
Cette année le spectacle solo est plus intime.
« C’est juste une sorte d’experience, » dit-il. « Celle-ci se joue dans de petites salles de 3000 ou 2000 places en moyenne. J’ai joué dans des arènes mais Outre-Atlantique, j’ai joué dans de plus petites salles et ça a été super. »
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Taylor mélange des photos avec la présentation. Pour ses choristes, il utilise un vidéo du chœur du festival de Tanglewood (Sa femme en est membre). Il a dit aussi qu’il a construit une machine pour « détendre » le tout.
« Je ne la décrirai pas trop, » dit-il. « Nous avons une machine rythmique primitive. En résumé, celle est de la taille d’une Volkswagen et fait beaucoup de bruit. Ca marche avec un moteur électrique de trois phases. Vous l’allumez et puis vous reculez ».
« Il y a une veine "Rube Goldberg" qui coule en moi. Si ça ne m’arrache pas le bras, je serai très chanceux. C’est un cri. J’adore faire ça. J’ai un atelier ici chez-moi. Je fabrique des armes pour les enfants.”
Taylor joue dans des grandes salles depuis son album «Sweet baby James ». Il a eu reçu des disques de platine avant même que ce terme ne soit inventé. Il trouve les petites salles si rafraîchissantes.
« Ca vous recadre vraiment. Chaque nuit c’est different. Je me rappelle toutes ces performances individuelles. Quand vous jouez avec un groupe le public est gardé à distance. Dans une salle plus petite, celui-ci est tout proche. »
Le nouveau spectacle a obligé Taylor à revoir son choix de chansons.
“Vous ne pouvez pas tout jouer. » dit-il. « C’est un répertoire different. Bien qu’il y ait quelques chansons rythmées qui vont bien avec le show, la formule rend le choix étroit. Certains morceaux ont vraiment besoin d'un groupe derrière. Ca change beaucoup la dynamique. C’est trés personnel, basique…. Des trucs à la James Taylor quoi. Si vous aimez ça, c’est bien. Sinon, rien ne vous oblige à venir. »
Presque 40 ans après son premier album sous le label Apple et le très classique « Carolina in my mind », Taylor possède un public très vaste et loyal. Il continue à empreinter un chemin de carrière où beaucoup se sont cassé les dents. Taylor mesure la longévité de sa celle-ci.
« C’est très rassurant, » dit-il. »Généralement, je trouve que lees artistes qui s'arrêtent, le font car il n’ont pas envie de continuer. J’adore ce que fais et c’est très contraignant à la fois. C’est un paradoxe….. Vous ne voulez pas vous prendre au sérieux. Le gens ne viennent pas pour vous voir vous inquiéter et stresser à mort. Mais en même temps vous devez vous investir à fond et faire de votre mieux. Vous dever vous leurrer et penser juste au moment présent et à ce qui vous entoure. Surtout avec ce genre de concerts. »
“J’ai continué, je pense, car je ne sais rien faire d’autre. J’aime mon public. Je suis trés reconnaissant de leur attention. Le tout, c’est d'arriver à mesurer sa chance. Et c’est ce que je ressens avec le temps. »
« Autre chose, avant la conception de toute chanson, la musique me fait quelque chose. Je ne termine jamais une chanson si je n’ai pas ce sentiment. Je pense que ce qui se passe parfois, c'est que vous écrivez une chanson qui marche pour vous comme pour les autres. Idéalement, ça resonnera pour les autres et ça les incitera à choisir ce que vous faites. A part ça, c’est un mystère. Je ne peux vraiment pas expliquer ma longévité . »
Quand Taylor etait un adolescent depressif, il fut renvoyé du cours préparatoire, et a passé quelque temps d'isolement dans un hôpital psychiatrique, une expérience qui l’a beaucoup aidé pour sa chanson « Fire and Rain ». Ca a été aussi l’endroit inédit de rencontre de son idole de toujours.
« J’ai travaillé avec Ray Charles sur son dernier projet » déclare Taylor. « Vraiment, je pense qu’il l’a fait pour laisser quelque chose à sa famille. C’était parmi les dernières choses qu’il a faites. Ray était malade. Vraiment malade. Je voulais lui dire ‘Ecoutez, vous vous rappelez McLean 1966, au deuxième étage, NB2? vous rappelez-vous avoir passé trois jours en probation?’ Je ne pouvais pas le croire. Parfois, je me demande si ce n’était pas une hallucination. C’était mon héros. »
« Mon frère Alex— Parti depuis longtemps, je pense quinze ans—a ramené à la maison les allbums « Yes indeed » et « Live at Newport ». C’était comme si quelqu’un a fait volé le toit. Au cours de sa carrière, il a interprété deux de mes chansons . »