Pierre Perrone est le premier à écouter son album attendu depuis longtemps
Joni Mitchell déclare qu'elle n'est pas finalement pas prête pour a retraite.
Il y a dix ans, pourtant, il semblait que la vie de Joni Mitchell avait accompli un cercle complet. Cette singer-songwriter par excellence fut intrônisée dans le Rock'n'Roll Hall of Fame parmi ses vieux amis Crosby, Stills and Nash. Mais plus important, elle et la fille qu'elle avait abandonnée à l'adoption lorsqu'elle était tombéee enceinte dans le milieu des années soixante se réunissait enfin, et son voyage musical et personnel – qui l'avait mené depuis Saskatoon, Saskatchewan jusqu'à Laurel Canyon, Californie via Greenwich Village, New York – semblait complet.
"Dans un certain sens, mon don pour la musique et pour l'écriture est née de cette tragédie et de cette perte" a-t-elle confié à la réalisatrice de documentaire Susan Lacy. "Quand ma fille est revenue à moi, le don est comme parti avec ce retour. L'écriture de chansons était comme quelque chose que je faisais en attendant le retour de ma fille."
En 1998, Mitchell sort Taming The Tiger, son dernier album de chansons originales, et tourna cette années-là aux Etats-Unis et au Canada, et à nouveau en 2000. Après ça, comme elle l' a expliqué au début de cette année au cours du documentaire sur Radio 2 en deux parties, elle a passé la majeure partie de son tmeps à peindre, à regarder de vieux films et à écouter les émissions de radio. " J'en suis venue à détester la musique" a-t-elle admis à son amie la songwriter anglaise Amanda Ghost.
En effet, en 2002, après avoir sorti Travelogue, un double CD sur lequel elle revisite son répertoire sur fond orchestal, Mitchell a annoncé qu'elle en avait assez du "cloaque corrompu et des porcs pornographiques" de l'industrie musicale et qu'elle ne serait plus une artiste discographique.
"Rien de ce qui se faisait ne sonnait plus authentique ou original. La vérité et la beauté faisait parti du passé. J'ai bien saisi le truc, et j'ai décidé de quitter ce métier" dit-elle. Et, en dépit de son travail avec Rhino, le label de réedition des disques Warners, sur deux compilation thématiques de son oeuvre, elle tint sa promesse.
Jusqu'à l'année dernière, c'est à dire, jusqu'à ce que Jean Grand-Maître, le directeur artistique de l'Alberta Ballet, entre en raltion avec Mitchell pour pour lui demander son autorisation d'utiliser ses compositions dans un ballet. Au lieu de simplement le laisser choisir des chansons qui colleraient à ce qui aurait été une pièce "quelque peu autobiographique" intitulée Dancing Joni, elle aida le projet à évoluer en The Fiddle and the Drum, dont la première fut présentée à Calgary, Canada, en février. Elle contribua au décor avec quelques unes de ses peintures politiquement chargées et délivra deux nouvelles chansons sur lesquelles elle travaillait:les adaptations du poème « If » de Rudyard Kipling – son poème favori – et du classique "If I Had A Heart".
Ces compositions sont à présent eux des morceaux pivots de « Shine », le nouvel album de Mitchell qui sortira sur Hear Music, le label indépendant de Starbucks, aux USA et au Canada, et sur Concord Music Group/ Universal en Angleterre et dans le reste de l'Europe à la fin du mois de Septembre.
L'écoute des dix morceaux qui composent l'album la semaine dernière confirment que Shine se montre à la hauteur de l'assertion de Mitchell que l'album représente "l'oeuvre la plus sérieuse que j'ai jamais faite". En fait, j'irais plus loin: mise à part la réinterprétation de « Big Yellow Taxi » avec prédominance de l'accordéon, son seul tube anglais et sa deuxième
chanson la plus reprise ( de plus 190 versions mais toujours derrière "Both Sides Now"),qui est apparemment a été calibrée pour les programmateurs radios, c'est le meilleur album d'un artiste de sa generation depuis le «Modern Times » de Bob Dylan.
Comme elle n'a pas beaucoup pratiquée la guitare en dix ans, Mitchell débute l' album au piano avec "One Week Last Summer", un instrumental éthéré à vous donner le frisson et qui rappelle son Debussy bien-aimé, aussi bien que la musique ambient de Brian Eno.
Ce qu'elle appelle " les chansons à dominante piano" forment le coeur de «Shine », l'album le plus dépouillé qu'elle est fait depuis le début des années soixante-dix.
L'humeur jazz de "This Place", "Hana" et l'hymne l'anti-guerre "Strong is Wrong" est trompeuse et d'autant plus efficace que les paroles terriblement noires sombrent littéralement, tandis que les entêtant "If I Had a Heart" et "Bad Dreams are Good" sonnent comme des lamentations pour la planète Terre.
Les clients de Starbucks mal préparés pourraient s'étouffer avec leur café au lait, mais que peuvent-t-il espèrer d'une femme qui écrivit avec préscience: "they paved paradise and put up a parking lot" en 1970? En fait, dans le contexte de ce qu'est la mission d'affirmation d'un album, la réinterpretation de "Big Yellow Taxi" est parfaitement logique. "Shine", le morceau-titre éthéré qui flotte et "If", le morceau final adapté du poème de Kipling, semble des élégies pleines d'espoir et balancent une faible lumière au bout du tunnel.
Même si Ken Lombard, le supreme de the Hear Music et président de Starbucks Entertainment, utilise les rumeurs de la signature de Radiohead come écran de fumée lors de sa récente visite en Angleterre, l'annonce que Mitchell a suivi les pas de Sir Paul McCartney et signé sur le label indépendant Starbucks ne devrait être considérée comme une trop grande surprise. Le fait d'être impliqué avec le projet Starbucks Hear Music de 2005 l'avait déjà aidér à revenir sur sa décision cafardeuse de quitter le métier. Mitchell avait, en effet, permis à la compagnie de café de sortir une sélection de chansons choisies de son catalogue, inteprétées avec soin par des artistes tels que Elvis Costello, Dylan et Chaka Khan, et également, de rassembler sa propre musique favorite – des morceaux de Debussy, Duke Ellington, Billie Holiday, Miles Davis, Louis Jordan, Chuck Berry, Steely Dan, Deep Forest, Edith Piaf, Etta James, Ray Charles, Marvin Gaye, Dylan, Leonard Cohen et The New Radicals – pour leur séries « Choix d'Artistes ».
"J'ai fais la critique de chansons et de compositions qui, au cours de ma vie, m'ont vraiment ému. J'avais besoin de me souvenir de ce que c'était à l'époque où j'aimais la musique." songe-t-elle.
Ayant cassé du sucre sur les majors et les radios américaines, cette artiste iconique savait également qu'elle avait à découvrir comment présenter sa nouvelle musique à son public de fans originaux des années soixante et soixante-dix et possiblement comment atteindre un nouveau public plus jeunes. La signature avec Starbucks ne pouvait tomber mieux, puique les singer-songwriters des deux genres dominent acteullement les formats radios à travers le monde.
Le retour tant attendu de Mitchell pourrait également aider à mettre en perspective ses accomplissements uniques et démontrer combien elle inspiré et influencé tout le monde depuis Suzanne Vega et Beth Orton jusqu'à KT Tunstall via Morrissey et Prince – qui jure que « The Hissing of Summer Lawns », l'album de 1975 de Mitchell est le " meilleur album jamais enregistré". Même Madonna est une fan. " je la vénèrais lorsque j'étais au lycée. Je connaissais chaque parole de l'album « Court and Spark »" a-t-elle un jour déclaré. " L'album « Blue » est incroyable. Je dirais que, de toutes les femmes que j'ai écoutées, c'est elle qui a eu le plus profond effet sur moi du point de vue des paroles."
Dernière édition par le Ven 31 Aoû 2007, 11:11 am, édité 5 fois