EVENEMENT:
Visionnez le film (j'ai bien dit le film et non la vidéo - ça dure 39 minutes!)) - de l'explosivement intimiste nouvel album de Neil Young "Le Noise" produit par Daniel Lanois ( L’album en écoute intégrale ICI )
critique du site goodkarma.com
Neil Young — Le Noise
Publié le 27 septembre 2010 | Ecrit par Jean-Sébastien Zanchi | Catégories : Disques | 2 commentaires »
En s’associant à son compatriote Daniel Lanois, Neil Young signe l’un des plus beaux albums de cette rentrée. Après plus de quarante ans de carrière.
Le Noise
Ça vous tombe dessus un jour où vous n’avez rien demandé. Pourquoi avoir posé sur votre platine le vinyle de "Harvest" acheté d’occasion quelques mois plus tôt ? Plusieurs années auparavant, vous vous souveniez avoir refusé d’écouter Neil Young. Non pas par manque de curiosité, mais plutôt par souci d’affirmation. Quand tout un lycée se dévoue au grunge alors que c’est la musique électronique qui éveille vos sens, voilà un bon moyen de se démarquer. Nous étions en juin, le temps était chaud et pluvieux, le soleil était en train de se coucher, masqué par les épais nuages. Les premières notes de "Out on the Weekend" résonne et vous comprenez tout de suite que ce refus d’adolescent était l’une des pires erreurs musicales de votre vie.
Depuis ce jour, vous ne cessez de découvrir des albums incroyables de ce Canadien. Vous vous êtes mis en tête de consciencieusement écouter son oeuvre. Alors que vous en êtes à peine arrivé à 1975, vous êtes déjà abasourdi par la richesse de sa musique. De "Everybody Knows This is Nowhere" avec son groupe Crazy Horse au sublime "On the Beach", vous êtes ébahi par cette sensibilité qui touche toujours juste, par ce talent de composition à fleur de peau. Alors qu’il vous reste encore trente-cinq ans de carrière de l’artiste à découvrir, le hasard du calendrier fait que le désormais indispensable Neil Young sort son nouvel album, Le Noise.
À cette nouvelle, c’est d’abord la peur qui vous assaillit. Est-il vraiment utile de se gâcher la découverte d’une carrière exceptionnelle en écoutant peut-être l’album de trop? Vous hésitez longuement, puis vous apprenez que l’album est réalisé par Daniel Lanois, compatriote de choix du chanteur. Producteur émérite vu aux côtés de Bob Dylan, U2, Ron Sexsmith ou Nick Cave, l’homme a l’art de mettre en son les guitares comme personne. Neil Young ne s’y trompe pas, allant même jusqu’à déclarer que lors de l’enregistrement de Le Noise, sa guitare « sonnait comme Dieu ».
Vous vous rendez alors compte que ce sacré Neil n’a pas tort. Armé d’une simple guitare bourrée d’effets en tout genre, le bonhomme sait encore y faire tout seul derrière un micro. Il déroule pendant trente-huit minutes, huit titres d’une beauté insolente. Seulement huit titres oui, mais huit chansons qui vont à l’essentiel. La mise en son de Daniel Lanois, son travail sur les textures de guitare et sur la voix ajoute un supplément d’étrangeté, une ambiance en clair-obscur qui soutient l’inspiration encore intacte du compositeur. Une seule écoute du titre "Love and War", sa voix de tête intacte sur "Someone Gonna Rescue You" ou le parfait jeu de guitare tout en retenue sur "Peaceful Valley Boulevard" suffisent à s’en convaincre. Et à se réjouir d’avoir encore trente-cinq ans de sa musique à découvrir.