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Petite anecdote à propos de Cousin JP

3 participants

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1Petite anecdote à propos de Cousin JP Empty Petite anecdote à propos de Cousin JP Jeu 03 Mai 2007, 1:15 pm

inconnu



Petite histoire vraie, mais suffisamment hallucinante pour que je vous raconte...

Notre cousin JP est venu nous voir à Thionville il y a peu. Là, il fait la connaissance de ma fille Alice, qu'il voit par hasard le lendemain à Metz.

Sur ce, Alice décide de partir quelques mois pour Montréal, où elle débarque lundi dernier.

A la sortie de l'aéroport de Montréal, sur qui tombe-t-elle, je vous le donne en mille................ Cousin JP qui se trouve là pour "sa job".

Trop fort, non ?

Lilly

Lilly

Salut Mot…uh….Tom,
J’ai eu une expérience quasi similaire. Donc, je crois dur comme fer aux coïncidences de la vie. Mais waidaminud, n’est-il pas défini que la coïncidence n’est que la rencontre de deux certitudes ? Hmmmmm…….. Je savais qu’il y avait un dog quelque part.
Lilly.

inconnu



Salut Lilly,

"Seuls les enfants savent que la foi est plus belle que Dieu" (Claude Nougaro).
J'espère que tu connais son album "Plume d'ange" dont le morceau éponyme occupe toute la face A d'un LP.

@+ Tom

broken angel

broken angel

Ah monsieur Tom, la belle référence. C’est MA chanson. Un vent de nostalgie caresse mes rides de jeunesse.
Prends la plume Lilly et ne la lâche jamais.


Vous voyez cette plume ?
Eh bien, c'est une plume... d'ange
Mais rassurez-vous, je ne vous demande pas de me croire, je ne vous le demande plus.
Pourtant, écoutez encore une fois, une dernière fois, mon histoire.
Une nuit, je faisais un rêve désopilant quand je fus réveillé par un frisson de l'air.
J'ouvre les yeux, que vois-je ?
Dans l'obscurité de la chambre, des myriades d'étincelles... Elles s'en allaient rejoindre, par tourbillonnements magnétiques,
un point situé devant mon lit.
Rapidement, de l'accumulation de ces flocons aimantés, phosphorescents, un corps se constituait.
Quand les derniers flocons eurent terminé leur course, un ange était là, devant moi, un ange réglementaire avec les grands aile
s de lait.
Comme une flèche d'un carquois, de son épaule il tire une plume, il me la tend et il me dit :
"C'est une plume d'ange. Je te la donne. Montre-la autour de toi.
Qu'un seul humain te croie et ce monde malheureux s'ouvrira au monde de la joie.
Qu'un seul humain te croie avec ta plume d'ange.
Adieu et souviens-toi : la foi est plus belle que Dieu. "

Et l'ange disparut laissant la plume entre mes doigts.
Dans le noir, je restai longtemps, illuminé, grelottant d'extase, lissant la plume, la respirant.
En ce temps-là, je vivais pour les seins somptueux d'une passion néfaste.
J'allume, je la réveille :

"Mon amour, mon amour, regarde cette plume... C'est une plume d'ange ! Oui ! un ange était là... Il vient de me la donner... Oh
ma chérie, tu me sais incapable de mensonge, de plaisanterie scabreuse... Mon amour, mon amour, il faut que tu me croies, et t
u vas voir... le monde ! "
La belle, le visage obscurci de cheveux, d'araignées de sommeil, me répondit :
"Fous-moi la paix... Je voudrais dormir... Et cesse de fumer ton satané Népal ! "
Elle me tourne le dos et merde !

Au petit matin, parmi les nègres des poubelles et les premiers pigeons, je filai chez mon ami le plus sûr.
Je montrai ma plume à l'Afrique, aux poubelles, et bien sûr, aux pigeons qui me firent des roues, des roucoulements de considér
ation admirative.
Je sonne.
Voici mon ami André.
Posément, avec précision, je vidais mon sac biblique, mon oreiller céleste :
"Tu m'entends bien, André, qu'on me prenne au sérieux et l'humanité tout entière s'arrache de son orbite de malédiction guerroy
ante et funeste. A dégager ! Finies la souffrance, la sottise. La joie, la lumière débarquent ! "
André se massait pensivement la tempe, il me fit un sourire ému, m'entraîna dans la cuisine et devant un café, m'expliqua que m
oi, sensible, moi, enclin au mysticisme sauvage, moi devais reconsidérer cette apparition.
Le repos... L'air de la campagne... Avec les oiseaux précisément, les vrais !

Je me retrouve dans la rue grondante, tenaillant la plume dans ma poche.
Que dire ? Que faire ?
" Monsieur l'agent, regardez, c'est une plume d'ange. "
Il me croit !
Aussitôt les tonitruants troupeaux de bagnoles déjà hargneuses s'aplatissent. Des hommes radieux en sortent, auréolés de leurs
volants et s'embrassent en sanglotant.
Soyons sérieux !
Je marchais, je marchais, dévorant les visages. Celui-ci ? La petite dame ?
Et soudain l'idée m'envahit, évidente, éclatante... Abandonnons les hommes !
Adressons-nous aux enfants ! Eux seuls savent que la foi est plus belle que Dieu.
Les enfants... Oui, mais lequel ?
Je marchais toujours, je marchais encore. Je ne regardais plus la gueule des passants hagards, mais, en moi, des guirlandes de
visages d'enfants, mes chéris, mes féeriques, mes crédules me souriaient.
Je marchais, je volais... Le vent de mes pas feuilletait Paris... Pages de pierres, de bitume, de pavés maintenant.
Ceux de la rue Saint-Vincent... Les escaliers de Montmartre. Je monte, je descends et me fige devant une école, rue du Mont-Ce
nis.
Quelques femmes attendaient la sortie des gosses.
Faussement paternel, j'attends, moi aussi.
Les voilà.
Ils débouchent de la maternelle par fraîches bouffées, par bouillonnements bariolés. Mon regard papillonne de frimousses en min
ois, quêtant une révélation.
Sur le seuil de l'école, une petite fille s'est arrêtée. Dans la vive lumière d'avril, elle cligne ses petits yeux de jais, un
peu bridés, un peu chinois et se les frotte vigoureusement.
Puis elle prend son cartable orange, tout rebondi de mathématiques modernes.
Alors j'ai suivi la boule brune et bouclée, gravissant derrière elle les escaliers de la Butte.
A quelque cent mètres elle pénétra dans un immeuble.
Longtemps, je suis resté là, me caressant les dents avec le bec de ma plume.

Le lendemain je revins à la sortie de l'école et le surlendemain et les jours qui suivirent.
Elle s'appelait Fanny. Mais je ne me décidais pas à l'aborder. Et si je lui faisais peur avec ma bouche sèche, ma sueur sacrée,
ma pâleur mortelle, vitale ?
Alors, qu'est-ce que je fais ? Je me tue ? Je l'avale, ma plume ? Je la plante dans le cul somptueux de ma passion néfaste ?
Et puis un jeudi, je me suis dit : je lui dis.
Les poumons du printemps exhalaient leur première haleine de peste paradisiaque.
J'ai précipité mon pas, j'ai tendu ma main vers la tête frisée... Au moment où j'allais l'atteindre, sur ma propre épaule, une
pesante main s'est abattue.
Je me retourne, ils étaient deux, ils empestaient le barreau : "Suivez-nous."

Le commissariat.
Vous connaissez les commissariats ?
Les flics qui tapent le carton dans de la gauloise, du sandwich...
Une couche de tabac, une couche de passage à tabac.
Le commissaire était bon enfant, il ne roulait pas les mécaniques, il roulait les r :
" Asseyez-vous. Il me semble déjà vous avoir vu quelque part, vous. Alors comme ça, on suit les petites filles ?
- Quitte à passer pour un détraqué, je vais vous expliquer, monsieur, la véritable raison qui m'a fait m'approcher de cette enf
ant.
Je sors ma plume et j'y vais de mon couplet nocturne et miraculeux.
- Fanny, j'en suis certain, m'aurait cru. Les assassins, les polices, notre séculaire tennis de coups durs, tout ça, c'était fi
ni, envolé !
- Voyons l'objet, me dit le commissaire.
D'entre mes doigts tremblants il saisit la plume sainte et la fait techniquement rouler devant un sourcil bonhomme.
- C'est de l'oie, ça..., me dit-il, je m'y connais, je suis du Périgord.
- Monsieur, ce n'est pas de l'oie, c'est de l'ange, vous dis-je !
- Calmez-vous ! Calmez-vous ! Mais vous avouerez tout de même qu'une telle affirmation exige d'être appuyée par un minimum d'en
quête, à défaut de preuve.
Vous allez patienter un instant. On va s'occuper de vous. Gentiment hein ? gentiment. "

On s'est occupé de moi, gentiment.
Entre deux électrochocs, je me balade dans le parc de la clinique psychiatrique où l'on m'héberge depuis un mois.
Parmi les divers siphonnés qui s'ébattent ou s'abattent sur les aimables gazons, il est un être qui me fascine. C'est un vieil
homme, très beau, il se tient toujours immobile dans une allée du parc devant un cèdre du Liban. Parfois, il étend lentement le
s bras et semble psalmodier un texte secret, sacré.
J'ai fini par m'approcher de lui, par lui adresser la parole.
Aujourd'hui, nous sommes amis. C'est un type surprenant, un savant, un poète.
Vous dire qu'il sait tout, a tout appris, senti, perçu, percé, c'est peu dire.
De sa barbe massive, un peu verte, aux poils épais et tordus le verbe sort, calme et fruité, abreuvant un récit où toutes les m
ystiques, les métaphysiques, les philosophies s'unissent, se rassemblent pour se ressembler dans le puits étoilé de sa mémoire.

Dans ce puits de jouvence intellectuelle, sot, je descends, seau débordant de l'eau fraîche et limpide de l'intelligence alliée
à l'amour, je remonte.
Parfois il me contemple en souriant. Des plis de sa robe de bure, ils sort des noix, de grosses noix qu'il brise d'un seul coup
dans sa paume, crac ! pour me les offrir.

Un jour où il me parle d'ornithologie comparée entre Olivier Messiaen et Charlie Parker, je ne l'écoute plus.
Un grand silence se fait en moi.
Mais cet homme dont l'ange t'a parlé, cet homme introuvable qui peut croire à ta plume, eh bien, oui, c'est lui, il est là, dev
ant toi !
Sans hésiter, je sors la plume.
Les yeux mordorés lancent une étincelle.
Il examine la plume avec une acuité qui me fait frémir de la tête aux pieds.
" Quel magnifique spécimen de plume d'ange, vous avez là, mon ami.
- Alors vous me croyez ? vous le savez !
- Bien sûr, je vous crois. Le tuyau légèrement cannelé, la nacrure des barbes, on ne peut s'y méprendre.
Je puis même ajouter qu'il s'agit d'une penne d'Angelus Maliciosus.
- Mais alors ! Puisqu'il est dit qu'un homme me croyant, le monde est sauvé...
- Je vous arrête, ami. Je ne suis pas un homme.
- Vous n'êtes pas un homme ?
- Nullement, je suis un noyer.
- Vous êtes noyé ?
- Non. Je suis un noyer. L'arbre. Je suis un arbre. "

Il y eut un frisson de l'air.
Se détachant de la cime du grand cèdre, un oiseau est venu se poser sur l'épaule du vieillard et je crus reconnaître, miniaturi
sé, l'ange malicieux qui m'avait visité.
Tous les trois, l'oiseau, le vieil homme et moi, nous avons ri, nous avons ri longtemps, longtemps...
Le fou rire, quoi !

Lilly

Lilly

La rêveuse invétérée que je suis ne risque pas de lâcher la plume d’ange. Que de merveilles oniriques, Alice nous a indirectement fait visiter.

Lilly

inconnu



Merci beaucoup Broken Angel, pour le texte. Depuis le temps que j'avais envie d'apprendre celui-là par coeur, tu me simplifies énormément le travail.

Malheureusement, on ne saura jamais si, chez le narrateur, c'est le gène de la pédophilie ou celui de la schyzophrénie qui l'a emporté...

broken angel

broken angel

Je pense qu'on ne le saura jamais. Toujours est-il que cette chanson m'a beaucoup intrigué dés sa première écoute.
Et oui, ma douce Lilly, tu as bien raison que le thème n'est pas aussi innocent........

David

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