Les Amis francophones de James Taylor


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JT - SÉANCE QUESTIONS-RÉPONSES D'HEMISPHERES MAGAZINE

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Admin Samuel Légitimus

Admin Samuel Légitimus
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JT - SÉANCE QUESTIONS-RÉPONSES D'HEMISPHERES MAGAZINE Qanda10

Article originale http://www.hemispheresmagazine.com/2015/06/01/the-hemi-qa-james-taylor/

La légende de la musique folk américaine confie la façon dont ses classiques peuvent toujours le transporter à une époque et un lieu, ainsi que les joies de la sortie d'un nouvel album après en plus d'une décennie

Auteur Joe Keohane Illustration Ian Keltie
Traduction Samuel Légitimus


C’est une drôle de chose que de recevoir un coup de fil de James Taylor. Cette voix dans votre combiné. Et l’homme s’excuse d'être, selon mes calculs, en retard d’environ 30 secondes sur l’horaire prévu, parce qu'il avait du mal à obtenir un signal dans sa chambre d'hôtel. Il est en tournée - "les chances sont toujours bonnes que je le sois», dit-depuis  la petite ville française de Lille (ndt -nos sommes le Jeudi 26 Mars 2015). Et il se prépare à faire quelque chose qu'il n'a pas fait dans un temps long: sortir un album de matériels originaux, Before This World, le 16 Juin.

Ça fait 13 ans environ que Taylor, 67 ans, a sorti October Road, son dernier lot de nouvelles chansons. Non pas qu'il ait été ralenti. Il a sorti entre-temps deux collections de reprises, deux albums live et un disque de Noël, sans parler de son calendrier rigoureux de tournées régulières et, bien sûr, l’éducation de deux jeunes enfants. Mais c’est la première fois que l'homme responsable de classique immortels comme «Fire and Rain», «You’ve Got A Friend" "Carolina in My Mind" et de nombreux autres succès se décide d’enregistrer de nouvelles chansons.

Afin de marquer l'occasion, Taylor s’est entretenu avec Hémisphères, à propos, entre autres choses, du pouvoir de corruption des médias numériques.

Hémisphères: Cela fait 13 ans depuis que nous avons eu droit à de nouvelles chansons de James Taylor. En ce qui concerne l'écriture, avez-vous jamais craint d’être à sec?

James Taylor: Pour tout vous dire, Je me suis demandé si la partie lyrique de ce disque allait survenir. Mais lorsque je me suis offert du temps vide, les chansons se sont présentées. J'ai souvent dit que mon style de composition de chansons était un processus tout à fait inconscient et mystérieux. Vous vous contentez juste d’attendre à les capter, et il vous faut vous trouver dans un endroit où vous êtes en état de recevoir la chanson, plus que la générer. Il y a quelque chose ans l'écriture de chansons. C’est comme un puzzle musical ou un problème de maths. Lorsque vous le résolvez le problème, c’est comme si vous étiez surpris, d’une certaine manière, par votre propre subconscient. Voilà un plaisir sans équivalent.

Hémisphères: il vous suffit juste de vous trouver assez de temps pour y arriver.


Taylor: Absolument. Voilà pourquoi il m’a fallu emprunter l’appartement d'un ami pendant une semaine régulièrement pour écrire ces nouvelles chansons. J’avais besoin de me séquestrer. Vous savez, je pense également que l'un des aspects troublants de la vie moderne est que l'attention est brisée en morceaux de plus en plus petits. J’ai grandi dans les bois de la Caroline du Nord, et nous avions de longues étendues de temps ininterrompue - je suppose qu’on pourrait les qualifier "d’ennuyeux". Le temps d’avoir de longues réflexions. Et sans interruption. Mais je vois mes enfants aujourd'hui. Ils regardent la télévision et font leurs devoirs en même temps, et quelqu'un va leur envoyer un texto et ils vont être interrompus par un appel téléphonique. Le temps est aujourd’hui en miettes. Et nos musiques commencent à être livrées de cette façon, elles aussi.

Hémisphères: Pensez-vous que cela mette l'art en péril,  le fait de perdre la capacité d’avoir de longues pensées?

Taylor: Je pense que plus important que l'art, cela met en péril la politique. Noam Chomsky dit que le fait de raccourcir les éléments d'information est un type de censure très efficace. Vous avez juste assez de temps pour répéter ce que quelqu'un sait déjà. De plus en plus, voilà ce que sont les infos: elles se contentent de reconfirmer le point de vue déjà existant de quelqu'un. Comment pouvez-vous présenter un argument sur une croyance établi par un consensus si tout ce que vous avez c’est une minute et demie? Peut-être il y a des moyens de le faire, mais pour moi, la révolution de l'information technologique nous a dérobé ces longues réflexions. J’ai, quant à moi, un besoin vital de ces temps vides.

Hémisphères: Je me suis toujours demandé ce que cela vous fait d’interpréter vos vieilles chansons. Lorsque vous revenez à celles-ci, est-ce leurs significations changent à mesure que vous vieillissez? Restent-elles « vivantes » pour vous?

Taylor: Eh bien, ce n’est pas tant que que ces chansons me décrivent, ou qu’elles expriment un instant factuel de ma vie. C’est plus comme si elles étaient ancrées dans ces moments précis. Comme, lorsque je chante "Carolina", cela me ramène dans une ville portuaire à Ibiza, en Espagne. J’avais loupé le dernier bateau, et je me trouvais avec une fille que j’avais rencontré quelques jours avant, une jeune fille nommée Karen, que je n'ai jamais revu depuis, mais elle et moi avons dû attendre pendant environ huit heures dans ce square pour le premier bateau le lendemain matin qui emmènerait à une autre île appelée Formentera. Et je me souviens de cela. Je revisite ce lieu. Je me souviens e ce que je ressentais alors qu’elle dormait sur une chaise de café, et j’étais assis à la table à écrire cette chanson. Je me souviens de tout cela. C’est comme si vous ouvriez un tiroir et farfouilliez  à l’intérieur et en sortiez un instantané ou une boîte de photographies. Ces chansons ont toujours cette connexion pour moi. Mais la vraie motivation pour les exécuter, encore et encore, c’est le déroulement d'un spectacle en direct, la connexion avec le public, l'énergie qu'ils vous donnent de retour.

Hémisphères: Vos fans sont vraiment dévoués. Ne jamais avez-vous le sentiment que vous remplissez pour eux un besoin émotionnel plus profond?

Taylor: Je ne ressens cela comme allant clairement dans une direction. C’est communal. Écouter de la musique et jouer de la musique c’est pratiquement très proche - et c’est extrêmement puissant. Nous l’avons ressenti intensément après le 11 septembre. J’étais en tournée quand ça s’est produit ; nous étions en pause, puis la tournée a repris avec un concert à Seattle quelques semaines plus tard. Et ces concerts furent remarquables. C’est comme si la chose qui se produit toujours avec les spectacles vivants se produisait avec une double tension. Et cela m'a montré ce qui se passe réellement dans ces concerts. Mais je n’ai aucune sorte de prétention sur le type d'expérience que vit mon public. Je suis peut-être plus connu pour le genre de matériel de réparation, d’auto-guérison, mais une grand part de ma musique est festive, juste la joie de la musique.

Hémisphères: Votre dernier album de musique originale est sorti en 2002. Le processus d'écriture a t-il changé pour vous?

Taylor: Je réalise que je tends à revenir sur les mêmes thèmes, simplement sous des angles  différents et à l’intérieur de contextes musicaux différents. Ces thèmes semblent juste être des choses qui me s’imposent à moi, vous savez, qui sont dans mon programme. Maintenant que vous le dites, il y a probablement 100 chansons que les auteurs écrivent maintes et maintes fois.

Hémisphères: Quelles sont-elles?

Taylor: Eh bien, voyons voir. Il y a la chanson sur le voyage. Quand j’étais gamin, ma mère m'a emmené à New York, et j’ai vu une comédie musicale intitulée "Greenwillow," avec Anthony Perkins. Cela parlait de ce jeune homme dont le père avait été éloigné de la maison à cause d’un genre d’envie de voyager. C’est un thème simple, mais il semble s'être installé en moi. J’ai écrit beaucoup de chansons sur l'attraction de la maison, l'attraction de la famille, sur le fait de regarder le soleil se lever et se coucher dans le même lieu au travers des saisons, puis l'attraction du voyage, de partir sur les routes, de voir le monde.

Hémisphères: Vous avez l'une de ces chansons sur le nouvel album, dans laquelle vous chantez: «Il y a une belle étendue d’autoroute, qui  me conduit de l’avant / Et mon truc favori est de ressentir le manque de chez moi quand je suis parti." Cela vous place dans la tradition de la musique country.

Taylor: Exactement. C’est exact.Et puis, il y a des chansons qui sont en quelque sorte des hymnes pour les agnostiques, une tentative de nourriture spirituelle en quelque sorte, de découvrir une satisfaction spirituelle.

Hémisphères: Il y a ce sentiment de douce consolation dans un grand nombre de vos chansons qui n’est pas sans rappeler certaines musiques d'église.

Taylor: C’est tout à fait vrai. C’est comme le blues. Je me suis toujours senti un peu mal à l'aise, un peu comme un impérialiste culturel,  qui adopte une forme de musique et s’y installe, mais d'un autre côté, voilà tout que nous faisons. Donc, dans un sens, ce sont mes blues à moi. "Fire and Rain." C’est un moyen de faire sortir quelque chose de vous, d’exorciser quelque chose en l'exprimant. Et c’est bien la tradition du blues.

Hémisphères: vous avez des chansons politiques, également.

Taylor: Quand je m’estime suffisamment en colère pour les écrire. Comme "Leather Slap" ou "Let It All Fall Down" ou "Line 'Em Up." Et puis, il y a quelques chansons qui – c’est un autre type de chansons de consolation, où vous élevez vous-mêmes en quelque sorte. Quand je chantais "Sweet Baby James," la deuxième moitié de cette chanson parlait de moi. C’était chanté pour moi. Puis il y a des chansons qui sont juste de simples chansons de célébration, des morceaux comme "First O May." Il y a des chansons qui parlent de ce que signifie la musique pour moi, comme "Snow Time". C’est une chanson sur le fait d'être secouru par la musique. Ces morceaux me surprendre autant que quiconque, lorsqu’ils surgissent.

Hémisphères: Y a-t-il des artistes que vous écoutez en ce moment?


Taylor: J'ai été tellement immergé dans le processus de fabrication de cet enregistrement durant les deux dernières années que je n’ai pas assez écouté d’autres musiques. Mais j’appartiens, en un sens, à une époque, et je tends à coller à mes sources, aux chansons qui ont signifié énormément pour moi et qui ont formé mon identité musicale.

Hémisphères: Comme?

Taylor: Oh, mec. C'est difficile à dire. Cela commence en fait avec la collection de disques que mes parents possédaient dans la maison quand j’étais gamin: la musique folk, Pete Seeger, LeadBelly, la musique celtique, la bossa nova, et en particulier Rodgers et Hammerstein, Gershwin et Cole Porter. Tous ces morceaux de Musicals de Broadway. Ça a été la base.

Hémisphères: Vous avez dit dans une interview d’il y a deux ans que ce disque serait probablement votre dernier. Est-ce toujours le cas?

Taylor: Il y a des gens que vous pouvez identifier qui continuent à enregistrer et à tourner. Tony Bennett approche des 90 ans, et Irving Berlin a écrit des chansons alors qu’il avait 90 ans passés - et de bonnes chansons qui plus est. Donc, c’est peut être une trajectoire plus longue que je le pense, mais il est tout à fait possible que ce soit le dernier. Si cela prend encore 12 ans, je serai dans ma 79e année. A la porte de mes 80 ans. Peut-être enregistrerais-je un album de plus. Mais je reste certainement sceptique sur deux de plus.

Hémisphères: Est-ce une idée difficile de se résigner à arrêter?

Taylor: Eh bien, pas aussi difficile que l'idée que vous allez mourir! [Rires.] Mais non, pour moi, la chose vraiment étonnante est le fait d’avoir survécu à mes 20 ans. Tant de gens qui se sont fait moins de dommages à eux-mêmes que moi ne sont plus là aujourd’hui. Mais dans l'ensemble, je n’ai jamais vraiment eu de plan. Je n'ai jamais eu de sens de moi-même au-delà de 10 ans. Ce n’est tout simplement pas la façon dont je vis. Je pense à la prochaine tournée. Je pense à mes enfants et dans quelle école ils vont aller l’année suivante. Et à ma fille Sally, à mon fils Ben et à sa trajectoire, sa vie. Avoir des enfants modifie votre focus. Avez-vous des enfants?

Hémisphères: Non.

Taylor: Je donne trois conseils aux gens. Non pas que je voudrais vous donner ces conseils, car je pense que vous allez probablement  les éviter les écueils. Mais il y a trois choses qui feront de vous un esclave. Contacter une trop grande dette que vous devez rembourser. Une grande accoutumance à une substance, qui va vous rendre esclave. Et fonder une famille et avoir des enfants avant d’être prêt à vous installer et devenir un parent. Ce sont les trois conseils. Je suis parvenu à éviter la trop gosse dette, mais simplement parce que je suis assez chanceux pour gagner ce dont j’avais besoin, et mes accoutumances n’ont jamais dépassé ma capacité à gagner de l’argent. Et à cet égard-là – et à beaucoup, beaucoup d'autres égards - ce que je ressens est de la gratitude. Je me sens profondément reconnaissant pour la manière dont les choses se sont déroulées pour moi.


Joe Keohane, écrivain et éditeur à New York, ne peut guère se rappeler ce qui est arrivé la semaine dernière, et encore moins ce qui est arrivé dans une ville espagnole il y a 47 ans.

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