Les souvenirs étaient
dans l’air au concert de la paire au Troubadour
par Steve Hochman, envoyé spécial pour The Times- (traduction Samuel Légitimus)
30 novembre 2007
Il vous fallait bosser dur pour trouver une personne qui n’ait pas trouvé dans la soirée de concert Carole King/James Taylor au Troubadour de ce mercredi un sentiment pour l’occasion ou le poids de l’Histoire.
Pratiquement tout le monde dans la salle connaissait non seulement chaque chanson mais les chantaient en même temps mot pour mot – depuis les classiques de Taylor "Carolina in My Mind" et "Fire and Rain" et les expressifs "It's Too Late" et "I Feel the Earth Move" de King jusqu’à la composition qu’ils ont chanté en duo, la composition de King "You've Got a Friend" qui fut un succès pour chacun d'eux et le moment phare de la soirée.
Ce sont des chansons qui étaient inévitables durant tout le début des années soixante-dix, et qui sont extraites de son album décisif à lui - " Sweet Baby James" - et de son album le plus vendue à elle - "Tapestry"- deux cartons absolus de cette époque.
Et il y a au moins un consensus general dans la salle: la place légendaire du club dans l’histoire, alors que celui-ci célèbre son cinquantième anniversaire - le lieu où les Byrds et les Eagles se sont formés, où Elton John et Linda Ronstadt s sont lancés vers le gloire, tout comme des groupes métal comme Mötley Crüe et Guns N' Roses dans les années quatre-vingt.
C’est un morceau particulier de l’histoire qui fut plus ou moins recréé ce mercredi, avec King et Taylor batissant un concert autour de chansons qu’ils composèrent dans une période d’avant la célèbrité; ils partagèrent la scène en 1969, lorsque lui était encore une star qui s’élevait et elle une compositrice immensément reconnue mais pas encore une chanteuse à part entière, employée en tant que simple membre du groupe de Taylor et occasionnellement, première partie.
Mais il y en avait quelques uns dans la salle qui n’étaient pas conscient de tout ça – bien qu’il fasse largement partie de la poignée des "trop jeunes pour avoir fait l’expérience de cette période en question".
Il y avait, par exemple cette jeune barwoman de 28 ans du Troubadour qui avoua ne pas connaître grand chose du club (elle avait trouvait le boulot en postant un message il n’y pas si longtemps sur la Craigslist.)
Et il y avait ce gosse de 18 ans amené par son père – qui n’était autre que le bassiste des Eagles Timothy B. Schmit.
" Je sais que William Shatner (ndt: Capitaine Kirk dans Star Trek) est là ce soir." nous déclara Timothy B. Schmit Jr., à propos de la signification pour lui de la soirée et en nous pointant une célébrité dans la file d’attente.
Bien sûr, il savait certainement que le groupe de son père s’était formé dans le lieu même.
"Non" admet-il. “Je l’ignorais."
Le reste de la salle, cependant, était néanmoins préparé à se reconnecter avec le passé.
"Est-ce que vous tous, vous sentez 28 ans?" demanda King alors qu’elle et Taylor investissaient la scène pour lancer le premier d'une série de six performances, en trois soirs, en soutien à plusieurs oeuvres caritives et environnementales .
"Vous paraissez avoir 28 ans" mentit-t-elle – bien qu’elle-même ne paraisse pas ses 65 ans.
"C’est comme un de ces rêves où vous retournez à l’école" lança Taylor, ajoutant d’un ton pince-sans-rire."Seulement, habituellement, je me retrouve nu."
Taylor, 59 ans, a insisté avec humour, mais de manière répété, qu’il se rappelait peu du passé ("A l’évidence nous avons joué ici avant" plaisante-t-il à un moment), mais les anecdotes coulent facilement. King confie que c’est durant les concert de 1970 avec Taylor que celui-ci la poussa du coude, elle une des compositrice les plus fêtées de la Brill Building des années 60, pour qu’elle monte sur scène seule en tant que vedette.
Taylor montra du doigt le balcon où il se tenait lorsqu’il entendit pour la première fois King interpreter "You've Got a Friend" faisant remarquer au passage " Je n’avais aucune idée qu’à partir de ce moment je la chanterait chaque soir de ma vie. »
Bien sûr, aujourd’hui chacun est à l’autre bout de sa carrière -- King sort ses disques sur son propre label, et Taylor a récemment rejoint ses collègues vétérans Paul McCartney et Joni Mitchell dans l’écurie du label Hear music de Starbucks. Mais, et les chansons et les artistes ont remarquablement bien vieilli. La voix de King a un petit côté éraillé mais celle-ci possède autant de caractère que toujours, et la voix de Taylor sonne aussi bien que dans sa période d’or.
Ils se montrèrent tous deux détendus et spontanés, Taylor en particulier conservant une humeur légère et se moquant souvent de lui-même.
Secondé par le même trio de musiciens qu’en 1970 -- le guitariste Danny Kortchmar, le bassiste Lee Sklar et le batteur Russ Kunkel -- les deux compères échangèrent leurs chansons respectives, des compositions qui, une à une, déployait l’étoffe de nombreuses existences dans la salle.
King interpréta des chansons au travers desquelles – et aux côtés de Joni Mitchell et Laura Nyro – elle a redéfini le concept de singer-songwriter au féminin. Cees compositions étaient marquées par des qualités hautement artistiques et des touches personnelles à une péoque où plus souvent qu’à son tour, les femmes chantaient des paroles écrites par quelqu’un d’autres – dans de nombreux cas par King elle-même -- et c’étaient la fusion de son experience de compositrice de chansons pour le Brill Building encadré par une sensibilité d’auteur qui rendait ce répertoire si saisissant.
Taylor n’a peut-être pas redéfinit la notion de singer-songwriter au masculin, mais il l’a certainement affiné, par sa sensibilité et sa vulnérabilité, fournissant une réflexion bienvenue après les turbulences des années soixante et ouvrant la porte à des figures comme Jackson Browne (qui assista au deuxième concert de mercredi).
En gardant l'image de “ retour à l’école” de Taylor, on pourrait dire que l’humeur était celle d'une réunion de classe. Joe Smith, qui était à la tête de Warner Bros. Recordset qui signa Taylor après l’avoir vu dans ce club en 1969, embrassa Kunkel avant le concert et taquina le batteur sur son crâne aujourd'hui dégarni. Sklar se rappela avoir vu Tim Buckley ici en 1968, et nota avec malice que le Troubadour est l’unique survivant d’un circuit autrefois vital de clubs folk rock de la Californie du Sud -- le Ash Grove et le Golden Bear parmi eux.
Peter Asher, le manager et producteur de longue date de Taylor et un des directeurs créatifs de ces concerts, se souvient du Troubadour comme foyer d’un véritable communauté d’artistes.
" les gens croient souvent que les musiciens se connaissent les uns les autres et traînent ensemble. et ça n’est pas vrai" déclare Asher. "Mais ici, c’était vraiment le cas -- James et Linda Ronstadt, et Jackson Browne et Carole, et de nombreux autres..."
Sur scène, King souligne cela, honorant à l'occasion la présence de quelques collègues compositeur, parmi lesquels son ex-mari, Gerry Goffin, avec qui elle a écrit une floppé de tubes des années soixante, trois d’entre eux qu’elle interpréta mercredi: "(You Make Me Feel Like) A Natural Woman", "Will You Love Me Tomorrow?" et, en duo avec Taylor, "Up On the Roof."
Et il y eu quelque quelques souvenirs neuf créé lors de cette soirée.
Après le concert, Leslie Rivkin, 58 ans, se leva avec sa fille Alexandra, 16 ans. Le premier écoute cette musique depuis le tout début, et sa fille a acquis une appreciation par osmose.
"Il est agréable de pouvoir partager votre musique avec votre enfant" se réjouit Leslie tandis que la foule rejoint peu à peu la sortie.
"J’essaie de m’imaginer dans 40 ans, quels musiciens de ma génération nous pourrions aller voir?" dit Alexandra. " Je n’en vois aucun!"