NOURRITURE SPIRITUELLE - Entretien avec la légende musicale James Taylor au sujet des ses héros, des réactions du public et de la raison pour laquelle il admire John Mayer... - par Karen Rose for MAUITIME - 10 avril 2013
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James Taylor m'a séduit quand j'avais 16 ans. Bon, pas "séduit" exactement. C'était plus comme une épiphanie, une révélation équivalente à celle de Kate Chopin dans The Awakening. J'étais assise sur la pelouse de l’Amphithéâtre Irvine Meadows lorsque Taylor a ouvert le concert avec "Shower The People". C'était en 1982, et ma collection de musique était limitée à une compilation d'INXS, de Duran Duran et de B-52. Mon frère aîné m'avait offert des billets, et donc, avec rien de mieux à faire, mes amis et moi nous enfilâmes nos baskets montantes roses correspondant à nos cheveux roses et sommes allés vérifier en quoi la génération plus âgée était excitante.
Quelques instants plus tard vint la prise de conscience que la musique de la génération précédente était de loin supérieure à la mienne. La voix de James Taylor m'envahit comme un valium musical. Dès lors, mon choix de musique a considérablement changé. Ma collection de punk rock des années 80 a été remplacée par les sons de l’Americana de James Taylor et de ses contemporains. On a sans aucun doute crée de la grande musique pendant mes années de collège quand nous passions les compilations de JT, de Dan Fogelberg et d'autres cassettes.
Ce vendredi 12 Avril, Taylor se produira Cultural Arts Center de Maui. Quelques jours avant son spectacle, j'ai pu m'entretenir avec lui par téléphone. Sa gentillesse et son humilité m'a tout de suite mis à l'aise, J'avais l’impression de discuter avec un ami autour d'un café ...
Mauitime: Vous êtes connu pour avoir dans votre groupe les musiciens les «demandés» et les plus talentueux - Steve Gadd, Jimmy Johnson, Michael Landau, Larry Golding. Si vous n'étiez pas l'artiste solo à succès que vous êtes, avec quel artiste contemporain ou groupe auriez-vous aimé être l’accompagnateur?
JAMES TAYLOR: Mec, c'est une excellente question. Vous savez, j'ai joué de la guitare rythmique dans le groupe de mon frère Alex au lycée, et au milieu des années 60, je suis allé à New York où j’étais également membre de ce groupe. Quand vous me demandez avec quel groupe actuel j’aimerais jouer, c'est difficile parce que j'ai une assez large idée de ce que la musique actuelle. Faisant cela depuis plus de 50 ans, c'est une grande surprise pour moi d’être toujours sur la route et d’avoir encore un public qui me soutient et viens me voir en concert.
Le groupe que j'ai toujours estimé être le groupe de rêve est composé de Ry Cooder, de John Hiatt et Jim Keltner. Ils avaient un groupe appelé Little Village qui a fait un album phénoménal avec un de mes guitaristes préférés. Bien que je les qualifie d’actuel, leur unique album date d’il y a 15 ans. Vous devez trouver cet album: ils sont assez phénoménaux.
MT: Quel accompagnatuer, qui n'est plus avec nous, auriez-vous souhaité avoir dans votre groupe?
JT: Vous savez, la meilleure chose qui soir lorsqu’on obtient un certain degré de succès est que vous pouvez jouer avec les meilleurs. Oh mec, voyons, en pensant à des joueurs légendaires, j'ai enregistré une ou deux fois avec Richard Tee qui était dans un groupe appelé Stuff, mais surtout il était connu pour avoir été le pianiste de Paul Simon. Il eut également une grande influence sur mon batteur Steve Gadd. Je dirais donc que Richard Tee est l’accompagnateur rêvé.
MT: En grandissant, et en apprenant pour la première fois à jouer de la guitare, dans quel groupe auriez-vous rêvé de jouer? Qui était votre héros musical, et quel est votre héros musical aujourd’hui?
JT: Wouaoh, vous savez les Beatles étaient vraiment immenses à l'époque où je jouais au sein de mon groupe à New York au milieu des années 60. Entre [Bob] Dylan, et lorsque le vent m’a poussé, au début des années 70, c'était une période très productive. Je me souvent demandé pourquoi il a existé un tel âge d'or. Je pense à Buffalo Springfield. Ils étaient en quelque sorte une version de la côte ouest de ce que nous essayons de faire avec Flying Machine. J'ai vraiment admiré ces gars-là. Steven Stills allait poursuivre au sein de Crosby, Stills et Nash. Puis Richard Furay et Neil Young ont continué naturellement à avoir eux aussi une grande carrière. Ce groupe fut un tremplin pour quelques talents incroyables. Buffalo Springfield étaient les contemporains que j’ai le plus admirés.
The Beatles, bien sûr, étaient comme le mont Olympe pour moi. Ces gars-là ont non seulement réussi, mais ils n’ont pas été figés dans le temps par leur succès. Ils ont continué à évoluer depuis leur premier album à succès jusqu’au dernier. Et donc, être signé par les Beatles en 68, et me faire remarquer par eux, continue d'être un grand moment qui n'a pas diminué avec le temps. C'est toujours la chose la plus remarquable qui s'est produite pour moi. En 1968, après avoir lutté pendant environ quatre ans pour me faire entendre, me faire choisir par eux , ce fut un rêve. Je n'arrive toujours pas à y croire moi-même.
La musique est juste une de ces choses si faciles à faire pour les musiciens qui se réunissent et créent ; mais il n'est pas facile d'obtenir une carrière continue. J'ai vu deux de mes enfants, Sally et Ben, travailler dessus. Ben s’est fait un objectif d'être un musicien et il a une carrière qui le soutient. Mais c'est beaucoup plus difficile aujourd’hui que quand j'ai commencé. Aujourd’hui, vous pouvez vous enregistrer tout seul et sortir quelque chose, ce qui rend beaucoup plus facile de proposer votre musique, mais il y a un million d'autres personnes avec le même objectif.
Mais à votre question de l’artiste je l'admire aujourd'hui, je dirais John Mayer. Il vient du même moule que moi. Je ne dis pas qu'il a été influencé par moi, mais le fait d'être un guitariste et un singer-songwriter, quelqu’un de relativement autonome, mais dont les morceaux sonne super quand ils sont joués par un groupe plus large. Et bien que cela semble népotiste de le dire, mon fils Ben. J'admire vraiment sa musique.
MT: Si vous pouviez revenir en arrière dans le temps, dans quelle époque aimeriez-vous vivre?
JT: Oh mec, je dois dire que la musique brésilienne du début des années 60 et de la fin des années 50 ou le Cuba de 1950. Cette Bossa Nova, cette musique brésilienne a eu une influence majeure sur moi. C'est juste la bonne synthèse d’eléments de la musique européenne sophistiquée et du jazz avec le rythme afro-latin qui va avec. La première fois que je suis allé au Brésil en 85, j'étais tellement excité. Ce voyage à répondu toutes mes attentes. C'était un tel plaisir qui venait à un moment important pour moi, après une période où j’ai touché, en quelque sorte, le fond. Une partie de mon histoire est celle de la dépendance, et je me retrouvai échoué sur la plage essayant de voir si je pouvais continuer, s'il y avait une vie pour moi du côté de la récupération de mon addiction. Il y avait beaucoup de questions dans mon esprit, et beaucoup de doute sur moi quand je suis allé au Brésil. Cela m’a complètement regonflé de réaliser que j'avais un public là-bas, et le fait d’être en mesure d'obtenir une fusion de cette âme latine sophistiqué fut vraiment remarquable. La chose sur la musique, c'est que c'est un langage universel. C'est un cliché parce que c'est vrai. C'est une forme d'art que nous manipulons, mais en même temps, elle obéit à des règles qui sont empiriquement vraies. En même temps que vous jouez avec le langage et la musique, vous ressentez également la physique de l'univers. Ce qui se produit réellement avec la musique, c’’est qu’elle connecte et vous emporte, ou bien elle n'existe pas. De ce fait, il s’agit vraiment de nourriture très élémentaire et spirituelle.
MT: Lorsque vous effectuez votre setlist pour la soirée, comment conciliez-vous ce que vous voulez vraiment jouer avec ce que le public - de manière prévisible - veut entendre?
JT: Il fut un temps où si vous vouliez écouter de la musique, il fallait que quelqu'un s’empare d’un instrument et joue. Mais aujourd'hui, la disponibilité de la musique enregistrée signifie que, pour la plupart d'entre nous, l’écoute de la musique est devenue une chose très passive. Souvent, c'est juste quelque chose qui se trouve en fond. Nous jouons quelque chose tout en travaillons ou en conduisant notre voiture ou nous entendons jouer de la musique au supermarché ou dans un magasin quelconque, et donc la musique devient accessoire et notre relation avec elle devient passive.
Quand je vais à un concert, je découvre une communauté instantanée de personnes qui a choisi d'être là, et je suis hyper conscient de ce moment. J'ai une telle gratitude pour le public, pour le fait qu’il soit venu et rende possible pour moi de jouer avec un groupe composé de musiciens que j’apprécie. Je suis tellement concentré sur la musique dans ce moment et je vis cela avec le public. Cela ne me dérange pas de jouer des choses auxquelles le public répond parce que c'est le but. Il y a quelque chose dans le fait de personnes se réunissant afin de partager la même expérience et de faire partie de cette expérience qui ne vieillit jamais. Et donc, quand je fais une setlist, je propose quelque chose qui est relativement nouvelle ou relativement obscure, et ensuite j’offre quelque chose que le public connait et qu'il est venu entendre.
Il y aura peut-être dix chansons que je suis obligé, mais heureux, de jouer, par exemple, "Carolina In My Mind", "Sweet Baby James", "Something in the Way She Moves», «Country Roads», «You 've Got A Friend », « How Sweet It Is », « Handy Man », « Ne pas Let Me Be Lonely Tonight »,« Your Smiling Face» et «Upon The Roof ". Je ne me lasse pas de ces chansons. Je les aime tellement, et comme je l'ai déjà dit, c'est la réaction du public qui compte vraiment. Quand les gens se présentent pour un concert, je suis convaincu qu'ils sont de mon côté et qu'ils sont enthousiastes à ce sujet. C'est un endroit sûr pour moi.
MT: Avec le recul, y a-t-il certains moments "diva" que vous avez éprouvé et qui aujourd’hui vous faire grincer des dents, mais que vous aimeriez partager avec vos fans?
JT: Laissez-moi réfléchir une seconde. Voyons, il y a des moments où j’étais épuisé, mais où il était nécessaire que je parvienne à une certaine vitesse, que je le veuille ou non. Vous pouvez vraiment vous brûler si vous accepté trop d’engagements, ou si vous essayer de faire trop de concerts d’'affilée sans recharger vos batteries. Je ne peux pas vraiment dire que je sois fait ou que j’ai prétendu un jour être une diva. Cela m'a toujours étonné de voir à quel point je suis chanceux, et ce sentiment ne me quitte jamais.
Certaines fois, lorsque je regarde le public dans la première rangée, je peux voir un gars qui a été amené par sa femme ou sa petite amie et qui n'est clairement pas dans l’ambiance. Il a en quelque sorte été contraint de l’emmener, et j’aurais souhaité qu'ils n'aient pas acheté de places au premier rang sièges- 20 rangées en arrière aurait été préférable, ou bien qu’il laisse plutôt sa femme se rendre seule au concert avec ses copines. Parfois je vais également jouer dans ces lieux où le promoteur place une barricade devant le public et où la scène est à sept pieds de haut et la première rangée à 25 mètres. J'aime voir leurs visages. Ce n'est pas comme s'ils allaient créer une émeute à mon concert et sortir des armes à feu et se mettre à tirer les uns sur les autres. Ce genre de chose ne se produira pas.
Très rarement quelqu'un va se montrer super excité et sauter sur scène, mais ce n'est vraiment pas grave. Parfois, les promoteurs vont placer ces lutteurs de sumo à l'avant avec tout plein de grimaces sur leurs visages; je suis là, essayant de me connecter avec le public, et j'ai Hulk Hogan le regard fixé sur l’audience et qui les met au défi de passer un bon moment. C'est un frein lorsque cela se produit. J'aime obtenir autant d'interaction que possible avec le public.
Une autre chose drôle ce qui se produit, surtout dans des grands lieux civiques, c'est qu'on passe contrat pour un interprète pour malentendants - ce qui est génial - mais je me souviens d’une fois, j'ai fait un concert avec Jimmy Buffett et il ne pouvait pas faire de concert à l'époque sans jouer la chanson "Let 's Get Drunk et Screw" (Saoulons-nous et baisons) Nous regardions tous la femme, qui traduisait littéralement chaque mot que Jimmy chantait en langage de signes, et elle faisait exactement les gestes adéquates. Elle utilisait son corps avec des gestes suggestifs, et elle y mettait évidemment beaucoup d’elle-même. Je pense qu'elle s’était entrainée un peu avant parce qu'elle avait demandé à consulter la setlist. Elle était assurément entrainé pour ce concert.
JAMES TAYLOR
Friday 12 Avril 19h30
Maui Arts & Cultural Center
One Way Cameron, Kahului
808 à 242-SHOW (7469)
Mauiarts.org
Dernière édition par Admin le Mer 24 Avr 2013, 2:44 am, édité 3 fois