Une critique de Christophe Schenk de l'hebdo "Bon pour les Oreilles" sur ce chanteur atypique:
Quand on entend chanter Micah P. Hinson, on peine à croire qu'il n'a que 27 ans. Sa voix trahit sa vie déjà. Sa gravité évoque Kurt Wagner, voire une descendance de Johnny Cash. Micah P. Hinson a derrière lui un parcours chaotique - drogue, prison, dèche - et ceci explique sans doute cela.
Malgré ses airs de pied tendre ou de crooner en tenue d'opérette, ce garçon est un cowboy, un vrai. Sa musique s'en ressent, brute et délicate à la fois. Sur Micah P. Hinson and the Red Empire Orchestra, les arrangements frappent par leur subtilité. Les cordes renvoient à un romantisme terreux, celui de Lambchop, de Lee Hazlewood, grâce à une production jamais clinquante, toute en retenue. Les mélodies, elles, jouent d'une économie similaire, embrassant les contours classiques de la ballade, sans jamais se perdre dans un exercice trop vintage.
A l'image de ce Tell Me It Ain't So, Micah P. Hinson est en état de grâce sur ce nouvel album. La voix comme un râle naturel, le lyrisme économe mais suffisant; le canevas instrumental maîtrisé, aux aspérités dévoilées; l'atmosphère sépia mais sans trucage, les striures du temps redessinant le paysage sans que cela sonne faux. Cet automne, le plus bel album de country est peut-être le fruit d'un ex-hors-la-loi aux airs de pied tendre, capable de dégainer comme le meilleur des cowboys.
Dernière édition par Alain le Ven 24 Sep 2010, 11:29 am, édité 2 fois