Brett au Point Ephémère Paris Dédicacé à Fanny qui n’a pas pu venir.
Autant vous dire dès à présent que le concert de Brett au Point Ephémère ne m’a pas déçu.
En fait, il a été au-delà de mes espérances.
Le Point Ephémère se trouve sur le quai Valmy (en bordure de Seine, donc) dans les environs de la gare de l’Est. C’est un espace multi-culturel avec salon d’expo, bar et resto. La salle de concert n’est pas bien grande.
J’avais rendez-vous station Jaurès avec mon pote Hacène (que certains de vous ont rencontré au concert de Jackson Browne) et sa compagne Myriem. Je leur ai fais découvrir Brett Dennen il y a deux ans et leur ai offert depuis les trois disques et demi.
On peut dire qu’eux et leurs trois enfants baignent régulièrement dans son univers.
La salle de concert ouvrant vers 20h, on a été mangé un morceau.
Vers 19h45, il n’y avait pas foule devant la salle: une quarantaine de personnes, des jeunes pour la plupart.
Je retrouvais un autre couple d’amis Sebastian et Tania (avec qui j’avais déjà partagé le sublime concert de Richie Havens il y a quelques mois.)
La salle de concert est petite avec un bar au fond - et sans aération. (C’est dans ces moments là qu’on apprécie vraiment la législation qui interdit de fumer dans les espaces publics)
Avant notre homme, il nous a fallu subir une jeune artiste française chantant en anglais et sur laquelle je ne m’étendrais pas. Fâchée avec le sourire (et particulièrement traqueuse en plus) elle passait alternativement de la guitare (mal jouée) au piano électrique - quelquefois, un ami venait lui prêter main forte (au sens propre, puisqu’il se contentait de plaquer des accords de piano très bruyants avec sa seule main droite) Son répertoire était assez déprimant (genre B.O de Twin Peaks) et un seul mot me vient à la bouche pour qualifier son mini set: interminable! Sept morceaux seulement pour une demi-heure qui m’a parue une éternité.
Ne me demandez pas son nom, je ne le connais pas.
Heureusement, plusieurs de ses amis étaient présents pour la soutenir et, de toute façon, le public de Brett Dennen était compatissant…
Bref, après 15 minutes de battement pour changer les instruments sur scène, Brett est arrivé.
Il a débuté seul avec son unique guitare et de manière peu expansive. Mais après trois morceaux et devant l’accueil du public il s’est vite détendu. Il a appelé sur scène son unique accompagnateur, John Solo (ça ne s’invente pas un nom comme ça) et à eux deux, ils ont tranquillement construit quelque chose d’assez époustouflant: un concert sans setlist, à l’inspiration du moment, en quête d’une formule parfaite « guitare- piano électrique-voix», ou « deux guitares-voix » proprement captivante.
A quelques mètres d’eux, pendu aux lèvres de Brett qui distillait chaque mot avec une science rare, on se sentait plongé dans le "Dennen time".Si je devais analyser celui-ci, je dirais qu’il consiste à ne rien brusquer, ne surtout pas chercher à reproduire les versions du disque, ni à faire de l’esbrouffe pour séduire autrement que musicalement, mais continuer à chercher, invoquer sa muse sur scène, les yeux fermés, en se montrant totalement disponible pour elle (à l’instar d’un jeune Van Morrison, artiste qu’il semble admirer énormément) Chaque mot est pesé, il les savoure et joue avec leur sonorité. Ses textes à messages fortement sociaux sont renforcés, comme chez Bob Marley, par leurs superbes mélodies qui transportent l’artiste et l’auditoire.
Au début du concert, j’avoue avoir été déçu par l’absence de son fidèle batteur-percussionniste Randy Schwartz - qui est pourtant présent sur d’autres dates européennes (certainement une sombre question de cachet trop maigre pour le concert parisien).
Mais non. Brett a pris le parti, dans cette configuration, de réinventer ses morceaux les plus enlevés, en les étirant avec des solos acoustiques sobres et souvent plein d’humour; et le public a vite compris (grâce au petit groupe de votre serviteur) qu’il ne fallait pas être avare en claquements de mains et en chœurs judicieux; Brett a semblé aux anges de ce feedback et en a joué avec bonheur. (notamment sur "Blessed", "When You Feel it", "Crazy" et "Just Like The Moon")
Après une heure et demi de concert qui, contrairement à la pénitente en première partie, a filé comme un charme, le public a refusé de le laisser partir et il a dû revenir par deux fois.
Ce fut une fête d’autant plus unique que nous fûmes à tout casser une petite centaine à partager ce moment.
Je n'ai pas pu rester après le concert car on nous a invité à patienter à l'extérieur et mes amis étaient assez pressés.
Mais voir Brett sur scène dans de telles conditions, ce fut un réel moment de félicité musicale qui m'a rappelé les prestations vidéos que je possède de Neil Young en solo ou de Cat Stevens et son comparse Alun Davies au début des années 1970 à la BBC.
Je vous joins quelques photos prises ce soir-là (en attendant les clichés de meilleure qualité prises avec l’appareil d’Hacène.)
Ah oui, détails importants: Brett se produit pieds nus et tire son énergie d'une grande consommation de yerba maté !